Au cours de sa magnifique carrière, Johnny Hallyday a vendu, au strict minimum 110 millions de disques. Et pourtant le très regretté artiste clamait au fisc qui lui imposait un redressement fiscal de 9 millions d’euros en 2012 : « Il va falloir qu’ils attendent parce que je ne les ai pas ! » Où sont passés les millions que le talentueux chanteur aurait dû accumuler au fil de centaines de tournées et d’une incroyable carrière de plus d’un demi-siècle ?

Johnny Hallyday assumait dépenser sans compter et sans rougir. « Je suis complètement détaché des valeurs matérielles qui pourrissent et empoisonnent les individus. Mon argent me sert surtout à être libre et à vivre comme je veux. » En 2004, Johnny confiait à L’Express : « Je n’ai jamais pu, jamais su, jamais voulu […] m’occuper de ce genre de problèmes. […] compter m’ennuie terriblement. »

Il dépensait plus de 200.000 euros par mois

Les premiers managers de Johnny Hallyday avaient bien identifié cette envie de vivre loin des relevés bancaires. L’un d’eux, Jean Pons, s’en sortait en affirmant au chanteur que les finances étaient à sec pour éviter tout achat compulsif de voiture de luxe, de maison ou de cadeaux à ses proches. Un ancien conseiller fiscal révélait en 2011 que la star dépensait entre 200.000 et 400 000 euros mensuels. Mais Johnny Hallyday, s’il n’aimait pas compter pour lui-même n’appréciait pas plus de le faire pour les autres. Il était réputé pour son extrême générosité dont beaucoup savaient profiter. Une ancienne amie expliquait aux Inrocks : « Quand il (Johnny) fréquentait Saint-Tropez […] il arrivait au restaurant avec quatre potes le midi puis […] des gens venaient squatter, commandaient des bouteilles de champagne… Il pouvait y en avoir pour 15 000 € en fin de journée. Le patron devait bien se faire payer. Devinez à qui il envoyait la facture ? »

Ce train de vie fastueux, cette générosité sans compter, ont d’ailleurs longtemps porté préjudice à Johnny Hallyday. Avec le fisc d’abord puisque les ennuis récurrents d’impôts de Johnny ont démarré en 1978. Avec certains de ses collaborateurs et autres chargés d’affaires ensuite. En 2004, la star confie : « J’ai eu mes torts. J’ai laissé la bride sur le cou à mes conseils. Certains en ont profité. Il y en a même eu un qui, dans un courrier adressé à Universal (sa maison de disque d’origine) en 1991 parle de lui comme étant mon « curateur ». Au nom de quoi ? De quelle décision ? » Les trous réguliers dans la trésorerie ne sont pas toujours comblés par de constantes tournées. Universal justement, souvent intervenue pour régler des factures ou se porter caution pour lui face au fisc, en avait profité pour considérablement minorer son pourcentage sur ses ventes de disques. Les rentrées d’argent de l’artiste sont de surcroît très fluctuantes. Un ex-proche confie en 2011 : « Les dépenses restent toujours les mêmes, les revenus varient. Une bonne année Johnny gagne plus de 10 millions d’euros, une mauvaise, il tourne plutôt entre un et deux millions. »

En 2016, Johnny aurait gagné 16 millions d’euros

En 2004, Johnny prend conscience que son système ne peut pas fonctionner s’il veut protéger ses proches. Il confie à L’Express: « Je m’aperçois que, dans l’état actuel de mes relations avec Universal, s’il m’arrivait quelque chose, je ne laisserais rien à mes enfants. Cette idée m’est insupportable : j’ai quand même trimé toute ma vie ! » Johnny a donc changé de manager, quitté Universal pour Warner. Mais a dû plus d’une fois recourir à des pis-aller pour combler les trous de sa trésorerie, par exemple en louant quelques-unes des maisons qu’il s’était offertes dans le monde pour faire rentrer un peu d’argent frais. La tournée des Vieilles canailles avec Eddy Mitchell et Jacques Dutronc a su lui offrir le frisson de la scène alors qu’il se battait pour sa santé. Elle lui a aussi permis d’encaisser un cachet conséquent de plus de deux millions d’euros. En 2016, Johnny Hallyday aurait gagné 16 millions euros, même sans sortir d’album, selon Capital.

Confronté aux frais fixes de son patrimoine immobilier, au coût de ses voyages et à des frais de santé qu’on imagine conséquents, a-t-il réussi à préserver un capital pour ses enfants et ses proches, notamment Laeticia et leurs deux filles Jade et Joy ? Pour l’instant, seuls les chargés d’affaires de Johnny savent la vérité. L’ouverture prochaine de sa succession devrait permettre de dissiper les incertitudes.

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Fondateur du site Actumusique.fr en 2016, je partage ma passion pour le monde de la musique en rédigeant des articles sur l'ensemble de nos rubriques